Saypé

Saypé, tu dis la paix, au géant dessin,
Tu scelles des mains,
Conviction éphémère, guerres, sans fin et ça recommence,
Sois le marcheur dans une herbe sans la souiller !
Quand bien même avec de la peinture bio !
Dis-moi le contraire : Les couleurs nous promènent,
La nature est Art, O combien belle, à elle-même se suffit !

Hommage à Bernard Pivot

Reçu ce matin un SMS
« Mes roses se sont épanouies ainsi que mes orchidées »

Dort l’orchidée, dort l’or des idées,
Et roses, nous vivrons ce que vivent les roses
L’espace d’un matin. Orphelins de Pivot,
Nous sommes vivants dans le flot de tes dictées,
Je prends le flambeau de la flamme,
Vêtu de ta blouse grise, je dicte et nous grise de mots.

Resplendir

De ses fleurs peu à peu écloses,

Il resplendit.

Resplendir suffit à son maintien,

Patience, constance souterraine aux yeux clos,

Labouré, nourri de soins,

Joie soudaine d’Avril au réveil de ses fleurs tardives,

Mon pommier enfin chante le rose tendre.

Raconte un peu

Raconte-moi tes voyages

Les parfums des tropiques mêlés à ceux de leurs sueurs,

La vue plongée au Niagara jusqu’au fond de ses chutes,

Raconte d’Indonésie les volcans jusqu’à la braise d’Islande,

 L’océan, jusqu’aux quarantièmes rugissants,

Moi, arbre de haute futée, posé à l’orée de mon bois,

M’élevant jusqu’aux ciels constellés, me suis construit de verdure

Avec mes amis les oiseaux ambassadeurs de soleil :

Le pinson, l’engoulevent et la mésange,

Je capte l’air humide et la rudesse des ronces,

Froissé du moindre effleurement.

Raconte un peu pour me faire rêver encore.

Un poète de la Provence

Extrait de Gérard Pons « Farandoles provençales » :

Soldats sans armes
des plateaux de Valensole
les lavandes
alignent
leur uniforme beauté.
Les terres alentours
tirent leur richesse
sous le soleil d'été
de la pauvreté pure.
Le violet n'est
qu'entorse provisoire
sur le chemin
du pèlerin.

Soùrdat sènso armo
di planestèu de Valensolo
li mato de lavando
arrengueiron
sa bèuta reguliero.
Li terro à l'entour
tiron soun drudige
souto lou soulèu d'estiéu
de la paureta puro.
Lou vioulet es pas
quentourseduro de gaire de tèms
sus lou camin
dou roumièu.

La Pierre de Solovky

Une rivière de fleurs sur la Pierre de Solovky déposée,

Coule son flot de démocratie,

La rugueuse pierre au fil du temps est une morsure

Pour tant de prisonniers morts au goulag dans leurs geôles,

Il y aura d’autres printemps au fort parfum de roses

Rouges à soulever le réveil des peuples asservis,

Coule son flot la rivière de fleurs.

Mort d’Alexeï Navalny : 19 Février 2024, l’ambassadeur de France à Moscou a déposé des fleurs sur la pierre de Solovky, Mémorial moscovite commémoratif pour les victimes de répression politique.

Hommage

Seul cantonnier des mots

Je rassemble mes feuilles de chêne

Sur le parterre du temps,

Ennobli d’humanisme par cet homme,

Il me ressemble, mais lui fut grand,

La peine de mort enfin abolie en France.

Résonne au Panthéon son couronnement que l’instant soulève

Au crissement de mes feuilles.

La panthère des neiges

« Elle levait la tête, humait l’air. Elle portait l’héraldique
du paysage tibétain. Son pelage, marqueterie d’or et de bronze,
appartenait au jour, à la nuit, au ciel et à la terre. Elle avait
pris les crêtes, les névés, les ombres de la gorge et le cristal
du ciel, l’automne des versants et la neige éternelle, les épines
des pentes et les buissons d’armoise, le secret des orages et
des nuées d’argent, l’or des steppes et le linceul des glaces,
l’agonie des mouflons et le sang des chamois. Elle vivait
sous la toison du monde. Elle était habillée de représentations.
La panthère, esprit des neiges, s’était vêtue avec la Terre… »

Sylvain Tesson

Le printemps des poètes

« Deux chiens, un poêle à bois, une fenêtre ouverte sur le lac, suffisent à l’existence. »

Sylvain Tesson, l’homme de toutes les saisons,

Guetteur solitaire dans sa cabane,

Brûle la bûche, au bord du lac Baïkal gelé,

Lingot de bois vital pour juguler la morsure du froid,

Un oiseau en fenêtre, son paysage,

Une valise de livres sous le lit,

Souffle annonciateur en attendant la débâcle,

Mes mots ne sont pas aussi beaux pour converser avec lui,

Lui, le mimosa qui balbutie ses premières fleurs.

(Hommage à Sylvain Tesson, nommé parrain du Printemps des poètes 2024)