Gabrielle Bonheur se regardait dans le miroir du couloir avant de sortir, elle s’ajusta, remit son chapeau en place, son chapeau fleurs, son chapeau feuilles tellement volumineux tellement surchargé; elle songea alors à toutes les femmes, à toutes les autres femmes contraintes d’ajuster leurs jupons et froufrous, contraintes d’attacher leurs rubans, leurs cheveux; elle songea à tout ce temps perdu, elle songea à toutes ces contraintes et à toute cette conformité qui attachait la femme; elle enleva feuilles et fleurs, rubans, elle enfila un pantalon et une veste ; elle devenait l’homme, l’homme de pouvoir enfin ! Elle était enfin libre, elle, presque orpheline, le destin forgerait l’égérie du futur qu’elle était , elle porterait des doigts de fée haute couture ; elle qui maria finalement le blanc et le noir sans apartheid à la perfection, elle devint intemporelle et cousit le Bonheur.