Deux spaghettis mollement allongés sur le bord d’une assiette,
la peau bronzée offerte au soleil estival,
conversaient :
– J’aime les gens bien en chair, la vie est belle ! disait l’un.
– Tu ne sais pas ce que c’est que souffrir !
– Et de quoi souffres-tu, imbécile ! Laisse-toi vivre, respire
l’air du temps !
– Justement ! Je fais un mauvais rêve, celui d’être aspiré par une bouche sensuelle qui me dévore et je finis mon parcours en lambeaux dans la décharge publique d’un estomac.
– Réjouis-toi donc mon vieux ! Voilà que, vêtu de dentelles
de fromage râpé AOP, tu baignes dans une sauce délicieuse,
puis tu dis-pa-rais dans un orgasme assourdissant !
Ah ! Je voudrais rêver comme toi pour connaître l’extase !
Soudain la pipelette fut saisie par une fourchette :
Schluuuusch !