Poètes, vous êtes nos montagnes,
Poètes, nous voulons tenter l’approche de vos sommets,
nous avançons et déjà nous tombons de fatigue,
La nuit est longue, nous suivons vos chemins escarpés,
vertigineuse,
L’espoir, qu’on pensait tenir, grâce à vous, grâce à vos rythmes
et la force qui nous habitait vous lisant
se dérobent,
Et jamais aussi hauts, nos piolets aussi chancellent,
L’évasion, non, ce n’est pas une fuite,
ce n’est pas courir à toutes jambes,
non, s’évader, c’est s’asseoir sur les hauteurs
S’asseoir, vous écouter, vous écouter, vous entendez !
Vous habillez de couleurs le temps de nos silences,
nous prenons la jeunesse spontanée de vos rires,
vous tenez les clés de tant de richesses,
notre condition même, nous l’avons oubliée !
Vous n’écrivez pas pour la postérité,
c’est elle qui vous réécrit sans cesse,
les mêmes tourments endimanchés des mêmes fêtes,
Ce jour qui vient diffère vos projets, déjà vous partez,
vous marchez devant nous pour mieux nous suivre,
Demain nous habiterons près de vos feux.
-oO§Oo-
Aragon : « Toute chose est l’image de ces pays de montagne
Où l’on croit toujours atteindre le sommet
Et l’on monte et l’on monte et le sommet s’élève avec vous »