Un arbre qui goûte le dernier printemps me dit :
Ma vie fut radieuse, que de soleils j’ai aimés !
J’ai porté dans mes bras bien des oiseaux,
leurs petites vies, leur légère insouciance,
je n’ai pas eu peur des orages, mais…
Que de luttes il nous fallut mener contre les vents, nous la forêt, nous la multitude !
Enfin le printemps m’apportait la certitude de jours plus grands,
je balbutiais mille mercis sertis en mille feuilles tendres.
Mon idéal ? Un jour je serais né au bord d’une rivière,
Ah ! Boire son eau, dormir dans son lit,
plonger mes frondaisons dans les tourbillons de sa robe !
Mais la réalité vraie a voulu m’éloigner d’elle,
mon destin fixé dans mes racines…
Puis l’arbre courbé me demande encore :
– Et là-bas, tout là-bas… Derrière la montagne ?